#12 - Métaphore filée sur n*quer des mères
A propos des cycles infinis de la créativité et de gastro.
On se sent bien peu de choses quand on sort d’une grippe intestinale.
C’est comme ça que j’opère le comeback de “Tout pour percer”. En parlant de la purge de fluides qui a rythmé mes dernières 48 heures. Pas besoin d’Ayahuasca quand t’as des germes bien dosés.
J’ai passé les deux derniers jours à contempler l’infini depuis le fond de mon lit en me demandant “à quoi bon ?” C’est bizarre à dire, mais j’ai plus souvent eu envie de mourir en ayant une gastro qu’une dépression.
Durant cette crise existentielle ponctuée de binge de “Love is Blind” et de retournements d’oreiller pour, à défaut d’être fraiche, au moins coller ma joue contre la fraicheur du coton, j’ai beaucoup réfléchi à mon processus créatif.
En début d’année, j’ai annoncé à ma psy que mon objectif serait d’avoir une routine. Tous les jours, poser les mêmes actions, me créer un cadre rassurant ; m’y tenir. Je rêve intimement d’être cette clean girl capable de faire mousser le matcha après avoir rédigé ses pages du matin et effectué sa yoga routine face au soleil.
Malheureusement, mon salon est orienté plein Nord. Je m’endors souvent en me promettant de mettre en place une morning routine efficace dès le lendemain. La dure réalité me rattrape en voyant mon réveil à 11 heures - parce que j’ai pris la mauvaise habitude de m’endormir à 3h du matin - pour ensuite courir à mes rendez-vous après avoir aspergé ma tête de shampooing sec en nourrissant l’espoir que ma frange grasse passe pour un “wet look” sophistiqué.
Je sonne comme une pick me1. “Non mais je suis trop messy et imparfaite hihi”. En réalité, je tire très peu de fierté de ce rythme de vie.
Je préférerais mille fois savoir jongler entre mes projets plutôt qu’être constamment dans une démarche d’équilibriste. Il suffit d’un choc pour que je perde la balance et bascule du côté sombre de la force intitulé : double booking involontaire.
J’ai vécu une rupture il y a 2 mois. Outre connaître le gout de mes larmes et me remettre à écumer les applis de rencontre comme si j’étais Davy Croquette face à un champ de crevettes2, j’ai appris qu’un nouveau trait toxique se développe chez moi face à un choc émotionnel : arrêter de noter la moitié de mes obligations dans mon agenda.
Je tiens donc à m’excuser - publiquement - auprès de toutes les personnes à qui j’ai du dire “désolée je me suis foutue dedans, je ne pourrai pas venir à ta soirée standup à Braine-le-Comte”. Sachez que si vous me le reprochez, vous avez raison.
Mais vous serez aussi cruels (parce que j’ai vécu une rupture) et psychophobes (parce que j’ai un tdah diagnostiqué).
Ma routine créative est encore plus difficile à maîtriser que ma routine personnelle. Constamment, je piège mon cerveau, lui donne des deadlines, l’invite à chercher la dopamine dans toute tâche qui ne présenterait pas un minimum de satisfaction immédiate. J’adore écrire de nouveaux textes. Je déteste devoir écrire de nouveaux textes. J’adore penser à cette newsletter. Je suis terrifiée à l’idée de me mettre devant mon ordi, ouvrir l’onglet substack et taper sur mon clavier. J’adore l’idée d’aller voir des ami·es pour écrire ensemble. Je préfère m’arracher les ongles à l’acide plutôt que de devoir créer un énième groupe whatsapp pour organiser la rencontre.
J’arrive peu à peu, à 28 ans bien tassés, à comprendre que j’ai des jours avec et des jours sans. C’est plus compliqué à expliquer à la personne à qui je paie mon loyer. Je comprends aussi que je n’arriverai sans doute jamais à arrêter d’être trop exigeante avec moi-même. Voir qu’il vaut mieux ça plutôt que mes périodes “On n’a que le bien qu’on se fait, treat yourself ma star, fuck les rageux” qui se résument souvent en un karaoké hebdomadaire qui m’explose la gorge et un compte en banque en négatif.
Promis, je vais bien. J’ai juste parlé d’avoir envie de mourir pendant une gastro, manquer à mes obligations et être endettée. La vie d’artiste, parait-il. Pourtant, depuis que j’ai quitté mon taf de jour et que je ne me nourris que d’amour, de blagues et de nouilles instantanées, ma vie n’a jamais été aussi stimulante. Un grand chaos organisé dont j’ai longtemps rêvé et que j’apprends peu à peu à maîtriser.
J’ose enfin dire que je suis humoriste quand on me demande ce que je fais dans la vie. Je négocie mes tarifs, je joue moins mais je joue mieux, je travaille mon spectacle, je mets en place chaque rendez-vous qui me permet de me dire que j’avance, malgré quelques “bumps3” on the road. J’y vais à mon rythme, qui n’est pas routinier, parait trop rapide pour certain·es et pas assez ambitieux pour d’autres. Malgré mon manque de contrôle, je suis heureuse. Surtout depuis que je n’ai plus la gastro.
Ce que j’ai fait pour essayer de percer ces derniers mois
Beaucoup de vidéos qui m’ont permis d’atteindre les 10k sur insta et qui me donnent l’impression d’être une star parce que j’ai les haters qui viennent avec
Mon spectacle réécrit encore et encore, pour finalement en faire une version dont je suis contente et presque fière.
Travailler sur des projets ultra chouettes genre le Late Night de Dena, l’Atout Comedy Club, et m’installer dans un bureau en résidence artistique
Les rigolos-recos
“Hijab’s off” - Zainab Johnson
En ce moment, je suis obsédée par les premiers spectacles. J’ai bien compris que si je devais m’inspirer pour le mien, il fallait que j’en consomme. Que je me rappelle la fragilité du début, la première captation, la simplicité de la présentation. Puis j’ai regardé le spectacle de Zainab Johnson et j’ai compris que certaines personnes réussissaient à présenter un premier spectacle fort, solide, construit.
Hot girls only - Chloé & Louise
Honnêtement, ces deux meufs deviennent peu à peu mes hétéros préférées. Si l’époque où les podcasts étaient plus simples, des discussions sur des petits sujets, l’envie d’être entre copines sans que ce soit super rythmé, rigoler tout en étant apaisée vous manque, je vous recommande mille fois Hot Girls Only. En plus, y a un côté narratif très agréable de les sentir prendre peu à peu confiance dans leur format si vous les écoutez depuis le début.
Ce faux générique de Severance qui me reste en tête à chaque instant
La note de téléphone sortie de son contexte
Kusjes,
Lola
Définition de l’urban dictionary : “Une « pick me » est une femme qui est prête à faire n'importe quoi pour obtenir l'approbation de l'homme.” Personnellement, j’ai l’impression de faire partie du club dès que je dis quelque chose comme “je ne suis pas comme les autres femmes”. Par contre, j’ai arrêté de chercher l’approbation des hommes, hormis l’approbation de Pedro Pascal.
Davy Croquette est un personnage qui est le créateur des croquettes de crevettes dans mon imaginaire personnel. Son chapeau est fait de panure et son coeur de friture.
Par “bumps”, comprenez : gueules de bois.