Dans un café qui a donné des noms de films à ses boissons, je sirote un allongé à 2 euros 20 seulement et me demande pourquoi Paris a une saveur aussi particulière.
Un goût doux-amer issu de l’accord tacite selon lequel tout le monde galère, tout le monde se dépêche, personne n’a ni le temps ni l’espace vital pour résoudre les problèmes de ce monde et pourtant, inscrit à la craie blanche au dessus d’un dessin de mappemonde, le Danube Palace Café déclare : « Pas de frontière, l’humanité est unie et unique… »
J‘ai une relation amour-haine avec Paris. D’un côté, j’apprécie l’opportunité de romantiser ma vie sur les bords de Seine et me sentir insignifiante dans la marée humaine. J’aime bien me sentir oubliée. L’attitude des parisien·nes qui ne laissent jamais un événement externe perturber leur nonchalance me fournit une cape d’invisibilité très efficace.
La classe parisienne, c’est mettre ses lunettes de soleil quand un enfant (ou un adulte) se met à hurler (mais pas pour les mêmes raisons) et fermer sa gueule dans le métro (souvent pour les mêmes raisons). J’aime foncièrement l’indifférence des parisien·nes.
De l’autre côté, Paris m’angoisse profondément. Derrière la pseudo nonchalance se cache une envie violente d’être remarqué·e. Paris est un parent absent qui gère un gamin dans un centre d’attraction. A la moindre incartade il est possible que Paris détourne son attention vers une autre direction. Manque de bol, parfois c’est la Belgique.
Jouer à Paris aussi, c’est une autre saveur, positive comme négative. Positif : un plaisir de jouer pour la première fois son texte devant un nouveau public, qui trouve exceptionnelle l’apparition d’une « petite belge » sur ses scènes. Négatif : les bars parisiens sont beaucoup trop bruyants. D’ailleurs, il faudrait dire à un moment à l’Île de France qu’il y a assez de cafés. C’est bon. Plus besoin d’en ouvrir. Iels en sont rendu·es à en créer avec des monoconcepts ou des phrases qui nous annoncent que « l’humanité est unie et unique… ».
Ces trois petits points me perturbent. Est-ce qu’il était sensé y avoir une suite à ce texte ? Est-ce que les 3 petits points sont l’équivalent des emojis pour les boomers ? Une tentative de nous dire « saféréfléchir » ?
Bref. Je ne suis pas venue à Paris pour percer. Mais je sens que ça pourrait m’y aider. Parce qu’il y a un tel niveau, une telle affluence, des manières de jouer différentes - ou alors c’est juste que je trouve exceptionnelle l’apparition de la « grande scène parisienne » dans ma vie - qu’il devient tentant de peut-être, un jour, accepter être insignifiante au-delà d’un séjour.
Il faudrait peut-être que je bide un bon coup pour redescendre1. J’ai pas le pouvoir d’achat ou la force mentale pour vivre à Paris.
Qu’est-ce que j’ai fait ces 2 dernières semaines pour percer ?
J’ai joué dans moultes soirées chouettes et j’ai continué à travailler ma nouvelle « routine de plateau »
J’ai essayé de répéter avant mes scènes. Insolite : c’est mieux.
Je suis allée à Paris toute une semaine pour jouer au Dernier Comedy Club avant la fin du monde, la Mut’up, l’OVB Comedy Club, le Chaton Comedy Club et manger des nouilles instantanées parce que j’ai tout dépensé en flixbus et demis de blondes tièdes.
J’en profite aussi pour caler les humoristes trop chouettes croisés à Paris : Taïla, Augustin, Veufla, Guyotte, Tyhem - qui a aussi une newsletter qui s’appelleEn attendant l'intermittence, Fred Chams, Amélie Coispel, Mathilde Abassi, Julie Albertine, Romain Harel, Samy Bel, Yazid Assoumani, Julien Gadiou, Lou Trotignon, Tahnee et tant d’autres que j’oublie de citer…
Les rigolos-recos
Dena et son spectacle « Princesse Guerrière »
J’ai eu la chance, à 2 occasions, de partager la vie du stand up avec Dena ces 2 dernières semaines. D’abord en donnant une formation dans le cadre du Ladyfest x Game Ovaires, puis à la Mut’up lorsque j’ai eu l’honneur de Mciser l’atout comedy. Je dis souvent que j’ai un vision board avec la tête de Dena partout, et c’est pas si faux. Prochainement, elle jouera son spectacle au Point-Virgule à Paris et autant dire que si vous n’y allez pas, je vous déshérite. De mes blagues. Voilà.
BB Chevrotine
Sur les recommandations d’Agent Content aka Damien Aresta qui a aussi une newsletter (
), je suis allée voie BB Chevrotine au Kibélé. Ce n’est pas du stand up mais qu’est-ce que c’était fort. Faire naître des images mentales dans un univers à la croisée des chemins entre Bourbon Kid et Roberto Rodriguez avec un seul-en-scène, ça a réveillé l’ado fan de punk que j’étais. Aujourd’hui je suis une adulte fan de punk. Still not a cool kid.Kevin Robin
Les 10 premières minutes de ce spectacle parlent de pet et c’est très intelligent, drôle, fort. Je découvre Kevin Robin 10 ans après tout le monde et je suis prête à binger tous ses spectacles dispos gratuitement sur Youtube.
Pour me voir percer les deux dernières semaines
Le 30 mai, c’est la dernière de Fin de Soirée au Kinfs of Comedy Club, à 20h. C’est sold out mais j’ai très très hâte de jouer là bas.
Le 3 juin, joue à Braine l’Alleud avec le What Th Fun sur la scène de Salvatore et j’adore cette personne.
Le 6 juin, je vais tester de nouvelles blagues sur le gingembre au Moeder Lambic pour Blagues Jour 1.
Le 8 juin, je présente un 3x20 au Wiener Hall avec le What The Fun et sur la line-up : Oriane Garcia, Simon Lepers et Têweb.
Le 10 juin je fais un 20 minutes mais je n’ai aucune autre info. J’ai l’impression de participer à un escape game.
Je prends un peu d’avance pour rappeler que le 15 juin, je ferai mon plus long format avec 40 minutes de blagues et un·e guest qui viendra m’accompagner. S’il vous plait réservez <3
Le screen de mon profil okcupid (pour changer)
Ok Lola, ça peut s’arranger, effectivement vu ton ego insufflé par cette phrase il serait temps que tu bides à nouveau.
Encore une bien belle lettre de nouvelles <3